L'enseignement de la philosophie au Lycée
Frédéric Roudaut,
Professeur agrégé de philosophie en classe de terminale
L’UFR de philosophie : Quand avez-vous mené des études de philosophie à l’université ?
Frédéric Roudaut : j’ai étudié à l’UFR de philosophie de Rennes 1, de 1993 à 1999.
L’UFR : Qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix ?
Frédéric Roudaut : Le goût pour la philosophie, la métaphysique et l’argumentation.
L’UFR : Quel a été votre parcours de philosophie ?
Frédéric Roudaut : j’ai d’abord effectué un parcours Licence-Master à l’UFR de philosophie de Rennes 1. J’y ai ensuite préparé le concours de l’agrégation de philosophie, auquel j’ai été reçu en 1999.
A Rennes 1, les conditions pour préparer ce concours très sélectif sont excellentes, bien meilleures que celles qu’on peut rencontrer dans certaines des grandes universités parisiennes. Nous formions, moi et les étudiants de ma promotion, un petit groupe soudé et motivé, très bien encadré par les enseignants en charge de la préparation. Ceci explique en partie pourquoi nous avons été 7 reçus, cette année-là, au concours de l’agrégation, ce qui est exceptionnel pour une université dite de « province ».
Une fois en poste au lycée, j’ai débuté, en 2001, une thèse au département de philosophie de l’Université de Paris IV, thèse que j’ai poursuivie jusqu’en 2007 (inachevée). Je n’ai pas fait d’autres formations.
L’UFR : Quelle(s) profession(s) avez-vous exercée(s) depuis ?
Frédéric Roudaut : depuis septembre 1999, je suis professeur agrégé de philosophie en classe de terminale. J’ai d’abord été nommé en Champagne-Ardenne, puis en Basse Normandie (Coutances, Manche) où j’enseigne actuellement. Parallèlement à mon travail au lycée, j’ai été chargé de cours à la Sorbonne (1 semestre). J’ai également bénéficié d’un détachement en tant qu’ATER (Attaché Temporaire d’Enseignement et de Recherche) à l’Université de Rouen, durant 3 ans 1/2.
L’UFR : Pouvez-vous nous dire, rétrospectivement, ce que vos études de philosophie vous ont apporté, notamment dans votre profession ?
Frédéric Roudaut : Une grande stimulation intellectuelle et une excellente formation. Et compte tenu de ma profession, ces études m’ont bien entendu tout apporté !
Emile Piquard
Professeur de philosophie en classe de Terminale, à Cayenne en Guyane
Parcours :
L1 à M2 Philosophie, Master 2 préparation au concours.
Obtention Capes. Certification complémentaire en cours pour enseigner en anglais à l’étranger.
Actuellement enseignant titulaire au lycée Melkior Garré, à Cayenne en Guyane.
Nolwenn Pétoin
Professeur de philosophie au lycée public d’Agen.
Professorat des écoles
Flavie Garnier,
Professeur des écoles
L’UFR de philosophie : Quand avez-vous mené des études de philosophie à l’université ?
Flavie Garnier : J’ai étudié la philosophie à Rennes 1, de 2001 à 2005.
L’UFR : Qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix ?
Flavie Garnier : Après avoir tenté hypokhâgne et la filière LEA anglais espagnol et japonais, je me suis rendu compte que je m’ennuyais ferme. Je voulais quelque chose de stimulant pour mon intellect. Mes cours préférés en prépa étaient la philosophie, tout comme cela avait été le cas durant la terminale. Je décidai de me lancer, je ne l’ai jamais regretté.
L’UFR : Quel a été votre parcours de philosophie ?
Flavie Garnier : J’ai obtenu une licence de philosophe, puis je me suis inscrite en master de recherche de philosophie. Je n’ai jamais terminé mon mémoire de 1ère année de master car j’ai trouvé ma voie durant cette année-là.
L’UFR : Avez-vous fait une autre formation après la philosophie ?
Flavie Garnier : Après ma licence de philosophie, j’ai passé le concours de professeur des écoles, sans réelle préparation. Mes notes n’étaient pas mauvaises, sauf en mathématiques, que je n’avais pas travaillées depuis des années. J’ai donc passé le concours d’entrée à l’ESPE (Ecole Supérieure du Professorat et de l’Education) de Rennes, anciennement IUFM, avec succès, puis j’ai obtenu en un an le concours de professeur des écoles. J’ai fini 6ème au concours.
L’UFR : Quelle(s) profession(s) avez-vous exercée(s) depuis ?
Flavie Garnier : Depuis l’obtention de mon concours, je suis professeur des écoles à plein temps.
L’UFR : Pouvez-vous nous dire, rétrospectivement, ce que vos études de philosophie vous ont apporté, notamment dans votre profession ?
Flavie Garnier : En arrivant dans ce cursus, je me laissais un peu aller à la philosophie de comptoir si je puis dire. Au fil des années, des lectures et de la méthode utilisée notamment en philosophie analytique, je suis devenue plus pragmatique, et surtout très rigoureuse, chose obligatoire pour réussir réellement. Une dissertation, ce n’est pas aligner des idées à la chaîne selon ce qui vous passe par la tête. Il faut une réflexion, du travail, des connaissances, un plan… Cela me sert encore énormément dans la vie, et dans mon travail.
Je pense sincèrement que je n’aurais pas si bien réussi ce que je fais aujourd’hui si je n’avais pas fait ces études. En effet, en me préparant au concours de professeur des écoles, il est apparu que je connaissais déjà très bien tous les penseurs dont on avait besoin à l’ESPE. La philosophie apporte une grande culture générale. Je n’ai eu qu’une petite révision de mes cours à faire, quand les autres ont dû y passer des heures. Cela laisse du temps pour préparer le reste.
De plus, la méthode de dissertation et de synthèse durant mes études m’était par la même totalement acquise. Or, c’est cette méthode qui est demandée sur table au concours en français, en histoire-géographie, en sciences, et même dans la partie pédagogique des mathématiques. Et puis, ne pas faire de fautes d’orthographe est un plus non négligeable.
Cela a aussi fait la différence lors des oraux, car j’avais déjà tout un bagage avec mes études que nombres d’autres n’avaient pas. J’étais habituée aux préparations de plan pour les oraux ainsi qu’à la pratique même de l’oral face à un professeur ou un jury.
Quant à mon métier, j’applique toujours la façon dont je travaillais en philosophie dans la préparation des cours. Je gagne un temps précieux. Cette habitude du recul vis-à-vis d’une situation m’aide chaque jour avec mes élèves.
Pour finir, il faut être honnête et admettre que la philosophie nous apprend à bien parler. Manier la rhétorique est finalement mon métier, et n’en déplaise à Socrate, je l’ai apprise en philosophie. Être à l’aise avec les mots, et l’apprendre à mes élèves, voilà l’une des choses que je préfère…