Maud Le Garzic, coordinatrice d'un réseau d'art contemporain
Maud Le Garzic
L’UFR de philosophie : Quand avez-vous mené des études de philosophie à l’université ?
Maud Le Garzic : j'ai étudié la philosophie à l'Université de Rennes 1 de 1996 à 2004.
L'UFR : Qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix ?
Maud Le Garzic : J’ai découvert la philosophie en Terminale avec un réel plaisir, un plaisir que je n’aurais pas soupçonné. En section scientifique, j’affectionnais particulièrement les mathématiques et les arts plastiques et n’étais pas très douée en lettres. Même si le programme de Terminale était lourd et la méthodologie de la dissertation très artificielle, j’ai su que l’analyse philosophique me passionnerait. Au sortir du Baccalauréat, je n’avais l’idée ni d’un métier ni d’un secteur d’activité mais souhaitais avant tout faire des études qui me plaisaient. Les mathématiques et l’histoire de l’art sont passées au second plan quand j’ai découvert la philosophie. J’avais tout de même assisté à une présentation de l’UFR lors d’une journée portes ouvertes - ce qui avait terminé de me convaincre.
L’UFR : Quel a été votre parcours de philosophie ?
Maud Le Garzic : J’ai obtenu mon Master Recherche (anciennement DEA). À l’UFR de Rennes 1, j’ai particulièrement apprécié la diversité et la qualité des enseignements, tant en histoire de la philosophie qu’en philosophie contemporaine (philosophie politique, philosophie du langage, métaphysique…) et par-dessus tout l’approche analytique. Je n’aurais probablement pas autant apprécié mes études et celles-ci n’auraient pas été si bénéfiques pour la formation de mon esprit si je n’avais pas découvert la philosophie analytique.
Après mon Master, j’ai obtenu le concours de l’Agrégation. Souhaitant poursuivre le travail de recherche que j’avais entrepris en Master 1 et 2 en philosophie du langage, j’ai entamé une thèse en étant par ailleurs chargée de cours à l’UFR. Malgré mon engouement pour la philosophie et la recherche, j’ai réalisé en revanche que je ne voulais pas enseigner. J’ai donc décidé d’arrêter là mon parcours philosophique, avec un pincement au cœur.
L’UFR : Avez-vous fait une autre formation après la philosophie ?
Maud Le Garzic : Oui. J’ai arrêté ma thèse et effectué un Master 2 professionnel de direction de projets culturels. J’avais, pendant mes études, été auditrice libre en histoire de l’art à l’Université de Rennes 2, et je ne pouvais pas m’imaginer travailler ailleurs que dans le secteur artistique et culturel.
L’UFR : Quelle(s) profession(s) avez-vous exercée(s) depuis ?
Maud Le Garzic : Dans le cadre de mon Master culturel, j’ai effectué à Rennes un stage long d’assistante de production chez un producteur de films d’animation. J’y ai suivi la production de courts-métrages de cinéma et de séries TV et participé à la conception d’une émission pour la jeunesse. Après un second stage au sein d’une association d’architectes en qualité de chargée de développement et de communication, j’ai effectué deux missions au sein de la Direction de la Culture de la Ville de Rennes : assistante de la conseillère aux arts plastiques, puis chargée de documentation pour Films en Bretagne.
J’ai ensuite été recrutée en 2008 à Lille en CDI en qualité de coordinatrice de 50° nord, réseau des lieux d’art contemporain du Nord-Pas de Calais et de l’eurorégion Nord, association que j'ai pilotée pendant 5 ans et demi. Il s'est donc écoulé 1 an et demi entre l'obtention de mon Master 2 et mon premier emploi stable.
À l’heure actuelle, je coordonne l’ANdEA – Association Nationale des Écoles Supérieures d’Art et Design sous tutelle du Ministère de la Culture.
L’UFR : Pouvez-vous nous dire, rétrospectivement, ce que vos études de philosophie vous ont apporté, notamment dans votre profession ?
Maud Le Garzic : Mes études de philosophie m’ont d’abord ouvert l’esprit, m’ont décomplexé l’esprit même. C’est une réelle richesse pour sa personne, et pour la conduite de projets professionnels ensuite, d’avoir l’occasion d’exercer l’analyse philosophique sur un nombre étendu de sujets. La philosophie est, au-delà de la culture qu’elle apporte et de cet exercice de l’argumentation, une école de la rigueur, de l’analyse, de la hiérarchisation des idées, de l’autonomie et de la pensée critique. Mes études m’ont évidemment beaucoup apporté s’agissant de l’aisance à écrire, à exprimer des idées, non dans un sens littéraire, mais plutôt avec une exigence de clarté et de simplicité. Ces compétences fondamentales dans de nombreux secteurs professionnels, pour les postes de cadres notamment, se raréfient et représentent un avantage certain sur le marché du travail.
Aude Urcun, attachée culturelle d'ambassade
Aude Urcun
L’UFR de philosophie : Quand avez-vous mené des études de philosophie à l’université ?
Aude Urcun : J’ai étudié à l’UFR de philosophie de Rennes 1, de 1992 à 1997.
L’UFR : Qu’est-ce qui vous a amené à faire ce choix ?
Aude Urcun : J’ai eu en classe de première une excellente professeure de français qui m’a fait comprendre que j’avais un goût pour « la réflexion » et en terminale un professeur de philosophie passionnant. Ces rencontres ont été déterminantes dans mon choix de m’inscrire à l’UFR de philosophie. J’avais par ailleurs à l’époque assez peu d’informations sur d’autres filières qui auraient pu m’intéresser telles que Sciencepo par exemple.
L’UFR : Quel a été votre parcours de philosophie ?
Aude Urcun : A l’université de Rennes 1, j’ai suivi un parcours classique de philosophie, de la 1ère année de Deug jusqu’à ce qu’on appelait à l’époque la maîtrise. Je me suis « spécialisée » en esthétique. J’ai préparé le CAPES une année, sans succès. J’ai fait un stage dans un centre d’art lorsque j’étais en maîtrise, stage qui a débouché sur un emploi.
L’UFR : Avez-vous fait une autre formation après la philosophie ?
Aude Urcun : Oui, 4 ans après être sortie de la Faculté, je me suis inscrite dans une formation continue en Gestion et Administration des entreprises culturelles à l’ARSEC. Dans ce cadre, j’ai effectué un stage à la DRAC Rhône-Alpes. En 2010, j’ai obtenu un Master 2 en développement territorial, spécialité Economie du Sud dans le cadre d’une formation à distance (J’étais alors en Afrique).
L’UFR : Quelle(s) profession(s) avez-vous exercée(s) depuis ?
Aude Urcun : Je travaille depuis la sortie de la Faculté dans le secteur culturel. J’ai, sucessivement :
- dirigé un service pédagogique dans un centre d’art contemporain (ndlr : Domaine de Kerguéhennec, Bignan, Morbihan) ;
- travaillé sur des logiques de professionnalisation pour une fédération nationale (ndlr : CIPAC – Fédération des professionnels de l’art contemporain) ;
- coordonné un réseau régional (ndlr : TRAM – Réseau d'art contemporain Paris / Ile-de-France) ;
- dirigé une école d’art territoriale de pratique amateur (ndlr : directrice du service arts plastiques et visuels de la Communauté d’agglomération Evry Centre Essonne).
J’ai eu par ailleurs 3 expériences à l’international, la dernière étant le poste que j’occupe actuellement en tant qu’attachée culturelle de l’Ambassade de France au Nigéria.
L’UFR : Pouvez-vous nous dire, rétrospectivement, ce que vos études de philosophie vous ont apporté, notamment dans votre profession ?
Aude Urcun : Mes études m’ont apporté une rigueur intellectuel, un esprit d’analyse et de synthèse qui me servent au quotidien tant dans des fonctions de manager que dans mes activités liées à la rédaction de notes ou de stratégies.
Je dois par ailleurs constamment développer des argumentations pour défendre des projets, des budgets et mes études m’ont apporté les outils théoriques pour pouvoir penser de manière claire et concise. Elles m'ont aussi entraînée à cette recherche constante de sens à donner à l’action.
Enfin, je suis une professionnelle pragmatique qui apporte une très grande importance à la parole énoncée. J’ai compris très récemment que deux auteurs de la philosophie analytique américaine m’avaient profondément marquée d’un point de vue personnel et professionnel : Nelson Goodman avec ses théories institutionnelles de l’art, et John Austin avec ses énoncés performatifs.